C dans l'air

Covid : Castex est-il dépassé ?

"Nous devons, quoi qu’il arrive, rester unis et solidaires, et ne pas céder au poison de la division", affirmait Emmanuel Macron, le 28 octobre dernier, lors de l’annonce d’un nouveau confinement pour freiner la progression de l’épidémie. Depuis, les chiffres montrent que l'on se rapproche du pic d'avril, où 32 300 patients Covid-19 étaient hospitalisés, et l’exécutif multiplie les appels à l’unité nationale pour affronter la crise sanitaire et économique qui s’abat sur le pays. Mais sans succès.

Car alors qu’en mars dernier le confinement était plébiscité par une très grande majorité de Français, cette fois la population supporte de moins en moins les mesures restrictives contre le Covid-19 et l’opposition qui avait fait preuve d’une relative mansuétude, au printemps, critique l’action de l’exécutif, en particulier ses prises de décisions lors des réunions du Conseil de défense sanitaire. Depuis le début de la crise sanitaire, au printemps, cette structure est privilégiée par le président de la République pour piloter les mesures destinées à lutter contre la pandémie. Mais de nombreux élus dénoncent depuis plusieurs jours une concentration du pouvoir dans cette instance, jugée trop opaque et sans contrôle.

Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand s’est ainsi élevé, lors de son audition devant le Sénat, contre un "Conseil de défense qui décide de tout. (…) Il y a des institutions, il y a des instances : les respecter, c’est mieux". L’eurodéputé EELV Yannick Jadot a lui aussi critiqué Emmanuel Macron, qui "décide seul avec quelques conseillers". "L’utilisation du Conseil de défense par Emmanuel Macron renforce la présidentialisation du régime et mène à une dérive autoritaire du pouvoir", a dénoncé de son côté Manuel Bompard, député européen de La France insoumise dont le patron, Jean-Luc Mélenchon, qui vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle et entend se poser en opposant numéro un, a étrillé ce qu’il qualifie de "comité secret" dans une tribune publiée dans le JDD. L'ancien ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a lui alerté sur les décisions prises lors du Conseil de défense, qui "est une institution informelle" où ne s'exerce pas de contre-pouvoir. Quant à l’ancien président socialiste François Hollande, il a mis en garde contre "l’exercice solitaire du pouvoir [qui] comporte plus de risques que de chances".

C’est donc dans ce contexte tendu que se tient ce jeudi un nouveau Conseil de défense à l’Elysée consacré à la Covid-19. Entouré du Premier ministre et de certains membres du gouvernement triés sur le volet, Emmanuel Macron pourrait être amené à trancher de nouveaux arbitrages. Jean Castex a d'ailleurs prévu de tenir une conférence de presse ce soir, à 18 heures, pour évoquer l'évolution de la situation épidémique et le reconfinement. Une parole qui sera guettée de près, quinze jours après le début du nouveau confinement.

Alors quelle est la situation sanitaire ? Quels sont désormais les scénarios à l’étude ? Comment fonctionne le Conseil de défense ? Qui le compose ? Le chef de l'État en abuse-t-il ? Enfin pourquoi Jean-Luc Mélenchon se lance-t-il maintenant dans la course à la présidentielle ?

Invités :

- Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro

- Vanessa Schneider, Grand Reporter au Monde

- Soazig Quemener, rédactrice en chef du service politique de Marianne

- Bernard Sananès, politologue et président de l’institut de sondages Elabe